Ce vitrail forme un ensemble avec les panneaux GE_2277, GE_2278 et GE_2279. La série, aujourd’hui sans doute dispersée ou incomplète, représente des épisodes de l’histoire de la fondation de la Confédération suisse. Le présent vitrail figure une scène issue de la légendaire histoire du roi Albert Ier de Habsbourg. Alors qu’il a refusé à son neveu, Jean, l’héritage qu’il revendiquait, ce dernier l’assassine avec l’assistance des barons Rudolf II von Balm, Walter IV von Eschenbach et Rudolf von Wart (Hälg-Steffen, 2001).
Comme les trois autres vitraux, la partie inférieure du panneau qui contenait les armes et inscriptions des donateurs a été perdue. Il s’agissait probablement de particuliers.
Plusieurs cartons et ébauches d’épisodes de l’histoire suisse ont été exécutés par le peintre verrier Christoph Murer (1558-1614). Ils sont aujourd’hui conservés au Kunsthaus de Zurich (inv. A.B. 1125-1128 ; Bergmann, 2014, p. 838-839, fig. 315.1-4), mais l’assassinat du roi Albert 1er d’Autriche n’en fait pas partie. Les modèles de Murer ont beaucoup circulé dans les ateliers de peintres verriers et ont largement été repris. Trois cartons de cette série ont notamment été copiés par le peintre verrier de Schaffhouse Hans Kaspar Lang l’Ancien (1571-1645) entre 1599 et 1620. Ils sont aujourd’hui conservés à la Zentralbibliothek de Zurich (Scheibenrisse A III 11-13). Un quatrième carton de Lang, avec l’assassinat du roi Albert 1er, est quant à lui conservé à la Anhaltische Gemäldegalerie de Dessau (Inv. X/5 cité dans Hasler, 2010, p. 115, fig. 93) et pourrait avoir servi d’exemple pour le présent vitrail.
Le peintre verrier zurichois Josias Murer (1564-1631), frère de Christoph, a réalisé en 1601 un vitrail représentant six épisodes de l’histoire suisse (VMR_444), mais l’assassinat du roi Albert 1er d’Autriche n’en fait pas partie. De plus, les différences stylistiques entre les deux panneaux ne permettent pas une attribution du présent vitrail à Josias Murer. Parmi les autres attributions possibles se trouve celle du peintre verrier zurichois Hans Heinrich Engelhart (1557-1612) qui a réalisé en 1602 un vitrail similaire au présent panneau (Bergmann, 2014, p. 839, fig. 315.5), reprenant la composition de Murer. Le cycle pourrait également avoir été exécuté dans l’atelier du peintre verrier de Winterthour Hans Jegli (1579-1643) qui s’est fréquemment inspiré des cartons de Murer (Boesch, 1955, p. 25 et 55). Un panneau daté vers 1610-1620 représentant Gessler et Tell, aujourd’hui conservé au Musée de Morat (FR_283), a été attribué à Jegli par Bergmann (2014, p. 797, fig. 283). De plus, au moins sept vitraux, dont cinq représentent des scènes patriotiques de l’histoire suisse, ont été offerts en 1624 à un certain Hans Bösch de Kappel (SG) suite à la rénovation de sa demeure (Boesch, 1955, p. 50). Exécutés par Jegli, ces panneaux sont aujourd’hui conservés au Musée du château de Berchtesgaden en Allemagne (Boesch, 1955, p. 50). Outre l’intérêt pour les représentations de l’histoire suisse, le vitrail signé de la main de Jegli, daté de 1629, qui figure la Fuite en Égypte avec les armes de Josef Fehr (TG_220) présente un style similaire. Enfin, compte tenu que le carton de Murer a été copié par Hans Kaspar Lang l’Ancien entre 1599 et 1620 (cf ci-dessus), ce peintre verrier apparaît également comme un auteur possible du présent vitrail. A ce jour, aucun vitrail de Lang tiré des copies des cartons de Murer n’a été identifié (Hasler, 2010, p. 115).
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