Ce modèle (197) de vase de la Verrerie artistique (1930-1964) a été commercialisé dès 1949. Les sources dont nous disposons sont des catalogues de la Verrerie de St-Prex, certains inédits. Il fait partie du "supplément" publié en 1949 (Verreries de St-Prex, 1949, 7), une offre disponible en verre vert, émaillé noir, rouge, bleu et or craquelé. Il figure enfin dans un répertoire non publié, qui, basé sur les numéros d’inventaire des catalogues de 1935 à 1960, dresse la liste de tous les modèles de la production artistique (Verreries de St-Prex, 1964, H 16 cm). D’après les sources, ce modèle est ainsi mis en vente en 1949 et produit jusqu’en 1964. Dans la critique récente, il est reproduit chez Dreyfus (Dreyfus, 1981, 13).
Les trois vases de 1949 – à renflement, à anses ou antiquisant – sont de taille réduite et forment un ensemble homogène. À la recherche de correspondances formelles, rappelons d’abord que la plupart des modèles antérieurs, créés en vue de l’Exposition nationale d’art appliqué de 1931, ont pu être attribués au céramiste Paul Ami Bonifas (1893-1967), chef de projet chargé du design. La collaboration avec František Landgraf (1904-1985), spécialiste du décor à froid, ainsi qu’avec un maître verrier italien formé à Murano, a également pu être démontrée. Si les pièces gravées à l’acide relèvent du travail de Landgraf, des rapprochements formels ont pu être établis tant avec de nombreux vases vénitiens qu’avec l’œuvre de Bonifas (Walther, 2025, 31-61). Ainsi, la forme de ce vase, inspirée de l’art antique, correspond autant à l’esthétique puriste de Bonifas qu’à l’art verrier vénitien des années 1920-1930.
Tout porte à croire que Bonifas a conçu l’ensemble de la collection artistique de Saint-Prex jusqu’à la publication de 1949: les formes de 1931, le catalogue de 1935 ainsi que deux catalogues ultérieurs. En effet, dans les catalogues de 1937 et de 1949, certains éléments formels correspondent soit à des œuvres vénitiennes antérieures à 1931, année du séjour de l’artiste verrier vénitien à Saint-Prex, soit à l’œuvre de Bonifas. Ensuite, la majorité des modèles publiés en 1937 ou 1949 s’inscrivent dans un ensemble cohérent. Dans son rôle de chef de projet, Bonifas a pu planifier simultanément le catalogue de 1935 et les deux suivants, la guerre ayant retardé la publication de 1949.
En revanche, les modèles du catalogue de 1960 ne peuvent être attribués au céramiste qui quitte la Suisse en juillet 1945 pour s’installer aux États-Unis. Par ailleurs, ces derniers modèles sont éclectiques (Walther, 2025, 69-70).
Le vase présenté ici est orné d'un décor appliqué par galvanoplastie. Ce processus électrolytique, permettant de déposer une fine couche de métal sur le verre, est utilisée à Saint-Prex pour des sujets commémoratifs ou des ornements à entrelacs et rinceaux. L’un d’eux est daté et muni d'une inscription: « FR. SCHMID 1950, Kegelklub Fortuna ». Comme le modèle en question est introduit en 1949, le décor ne peut être antérieur (Walther, 2025, 66). En revanche, il ne se trouve pas sur des modèles plus récents. On peut encore relever qu'une publication qui traite de la galvanoplastie est publiée en 1949 (Mauder & Springer, 1949). Notre vase est donc à dater vers 1949.
