Vase cylindrique doré craquelé

Verre, émail, dorure

Ce modèle (202) de vase de la Verrerie artistique (1930-1964) a été mis en vente vers 1960. Les sources dont nous disposons sont des catalogues de la Verrerie de St-Prex, certains inédits. Il fait partie de l’offre de la liste de prix de 1960 (Verreries de St-Prex,1960), disponible en verre vert, émaillé noir, rouge et bleu ainsi qu’en or craquelé et platine. Il figure enfin dans un répertoire non publié, qui, basé sur les numéros d’inventaire des catalogues de 1935 à 1960, dresse la liste de tous les modèles de la production artistique. Notons que les images des modèles de 1960 ne sont pas tirées des catalogues, mais esquissées d’un coup de crayon rapide. Le no 200 est annoté ainsi : "Pile Rittmeyer n’allant pas à la jauge". Il pourrait s’agir d’un verre technique de la société Rittmeyer, fondée en 1904 et spécialisée dans les systèmes de mesure, ce qui expliquerait le grand nombre de pièces en verre incolore (Verreries de St-Prex, 1964, H 18.5, 25, 32 cm). Un inventaire de fin d’année pour les années 1955 à 1958, conservé dans les archives du Musée du Verrier de Saint-Prex, recense en effet une production de 671 exemplaires pour 1958 (Verreries de St-Prex, 1955, 257-259). Ainsi, il est probable que la Verrerie de St-Prex ait profité de synergies internes pour la création d’un nouveau modèle. D’après les sources, ce dernier fut commercialisé de 1958 à 1964.
Ainsi, les trois modèles de la liste de prix de 1960 – le 204 ne fait pas partie des collections analysées – représentent une dernière tentative de sauver la Verrerie artistique et constituent un ensemble hétéroclite, sans recherche formelle. Le revêtement platine, une reprise de 1931, est substitué à l’argent craquelé. Dans la critique récente, il est reproduit chez Dreyfus (Dreyfus, 1981, 13).
Tout porte à croire que Bonifas a conçu l’ensemble de la collection artistique de Saint-Prex jusqu’en 1949 : les formes de 1931, le catalogue de 1935 ainsi que deux catalogues ultérieurs. En effet, dans les catalogues de 1937 et de 1949, certains éléments formels correspondent soit à des œuvres vénitiennes antérieures à 1931, année du séjour de l’artiste verrier vénitien à Saint-Prex, soit à l’œuvre de Bonifas. Ensuite, la majorité des modèles publiés en 1937 ou 1949 s’inscrivent dans un ensemble cohérent. Dans son rôle de chef de projet, Bonifas a pu planifier simultanément le catalogue de 1935 et les deux suivants, la guerre ayant retardé la publication de 1949.
En revanche, les modèles du catalogue de 1960 ne peuvent être attribués au céramiste qui quitte la Suisse en juillet 1945 pour s’installer aux États-Unis. Par ailleurs, ces derniers modèles sont éclectiques (Walther, 2025, 69-70).

Le décor doré craquelé du vase présenté ici est emblématique de la Verrerie artistique, son apparition coïncidant avec la publication du catalogue de 1935. La qualité du craquelé – large et brillant – est caractéristique de l’après-guerre, alors que l’émail bleu utilisé précédemment n’était plus disponible (Walther, 2025, 65).