Ce panneau a été donné en 1563 par le couple Anna Peyer et Jacob Studer. Il pourrait s’agir de la Schaffhousoise Anna Peyer mit dem Wecken (1513-1575) et du Saint-Gallois Jacob Studer (1512-1584), mariés en 1535 à Schaffhouse (HFLS). Les différentes branches des familles Peyer et Studer ayant comptés de nombreux homonymes, cette hypothèse ne peut pas être confirmée avec certitude. Les Peyer, ancienne famille bourgeoise de Schaffhouse (DHBS, 1930, p. 266), se sont illustrés au cours des XVIe et XVIIIe siècles par leurs nombreux dons de vitraux, dont plus de cinquante sont aujourd’hui encore connus (Hasler, 2010, p. 40). La famille Studer (ou Stauder), issue du canton de Saint-Gall (DHBS, 1932, p. 395), a elle aussi commandé de nombreuses verrières.
Boesch (1956, p. 18-19) mentionne ce vitrail comme faisant partie d’un groupe de cinq panneaux commandé en 1563 par divers membres de la famille Studer à destination d’un édifice saint-gallois non identifié. Trois panneaux aux armes de Caspar Scherer et Elisabeth Studer avec Daniel dans la fosse aux lions (inv. IN-67.22), aux armes de Jacob Schlapritzi et Anna Studer avec une scène de chasse aux oiseaux (inv. IN-67.23), ainsi qu’aux armes de Niclaus Schlumpf et Helena Studer avec Judith tenant la tête d’Holopherne (inv. IN-67.24) sont aujourd’hui conservés au Musée national suisse. Un quatrième panneau aux armes de Hans Jacob Studer avec David et Bethsabée en mains privées (Boesch, 1956, p. 18, n° 2) n’est aujourd’hui plus identifié. A ce groupe, peuvent être ajoutés trois autres vitraux datant de la même année, offerts par Melchior Rotmund (inv. IN-67.21) et Andreas Enginer avec Guillaume Tell visant la pomme (inv. IN-67.25) au Musée national suisse. Un sixième panneau (composite) daté de 1563 et donné par Jacob Zollikofer le Jeune et Anna Hürus (TG_203) aujourd’hui conservé au Château Altenklingen à Wigoltingen pourrait avoir appartenu à cet ensemble (Boesch, 1956, p. 19).
Le même couple aurait fait don en 1562 d’un premier vitrail, dans le cadre d’une vaste commande rattachée à la famille Peyer, probablement destinée à orner les baies de la nouvelle demeure de Hans Miles, fils d’Albrecht et Barbara Peyer à Saint-Gall (Boesch, 1956, p. 16-18). Trois d’entre eux sont aujourd’hui conservés au Musée national suisse (Schneider, 1971, p. 105-107, n° 295, 298, 299), un se trouve dans la collection Heylshof de Worms (Swarzenski, 1927) et deux autres comprenant celui de Peyer-Studer sont aujourd’hui perdus.
Si selon Boesch (1956, p. 18) le présent panneau appartient au groupe offert en 1563 par la famille Studer, force est de constater qu’il possède plus de similitudes d’iconographie et de composition avec ceux de 1562 de Peyer-Schlappritzi avec le Sacrifice d’Isaac (inv. IN-67.17 ; Schneider, 1971, p. 105, n° 295) et de 1563 de Schlumpf-Studer avec Judith et Holopherne (inv. IN-67.24 ; Schneider, 1971, p. 108, n° 305). Les autres panneaux représentant au centre les armoiries des commanditaires surmontées de scènes secondaires religieuses ou profanes, la question se pose de savoir s’il n’y a pas eu plusieurs groupes de donation.
Comme le cycle de 1562, cet ensemble de panneaux héraldiques offert en 1563 porte le monogramme du peintre verrier de Saint-Gall Andreas Hör (avant 1527-1577), actif entre 1551 et 1575 (Hasler, 2006). Malgré l’absence de monogramme sur le présent vitrail, le style et la composition permettent une attribution au même maître, notamment grâce aux ouvertures circulaires typiques de Hör (Brun, 1905-1917, vol. IV, p. 221) qui apparaissent sur le soubassement.
Ce panneau provient de la collection constituée par le marchand de soie de Constance Johann Nikolaus Vincent (1785-1865) de 1816 jusqu’à sa mort. La majorité des vitraux cités ci-dessus, datés de 1562 et 1563 et portant le monogramme de Hör, appartenaient également à cette collection (Meyer-Zeller, 1897, p. 935-936). Il a été acheté en 1891 lors de la vente publique de la collection, puis semble avoir rejoint le Musée Fol à Genève, comme l’indique en 1896 le Catalogue de l’art ancien (1896, p. 154, n° 1599).
Cité dans :
Rahn, 1890, p. 203, n° 111.
cat. 1896, p. 154, n° 1599.
Sidler, 1905, p. 102, n° 50.
Deonna, 1938, p. 8-9, n° 4.
Boesch, 1956, p. 18, n° 1.
Hasler, 2010, p. 41, note 237.