Nom

Yoki

Variantes du nom
Aebischer, Emile
Dates de naissance et de décès
Romont 21.02.1922—Givisiez 12.11.2012
Auteur·e et date de la notice
Valérie Sauterel 2015, 2023
Lieux avec objets
Données biographiques

Emile Aebischer voir le jour à Romont le 21 février 1922. Sa mère le met seule au monde et lorsque le médecin vient s’assurer de sa santé et de celle du bébé qu’il prend dans ses bras, il lui dit qu’il est un "yokeli". Sa sœur aînée note immédiatement ce surnom qui le suivra sa vie durant et deviendra son nom d’artiste (Layaz, 2000). Au début des années 1930, "attiré par la jubilation de la couleur", le jeune garçon préfère flâner à bicyclette dans la campagne glânoise à la découverte de nouveaux vitraux, plutôt que de jouer avec ses camarades (Layaz, 2000). Sa destinée semblait dès lors toute tracée (Sauterel, 2021, p. 29).
Après des études secondaires à l’institut Saint-Charles à Romont, ses parents l’envoient en 1936 travailler à Berne pour aider financièrement sa famille, son père souffrant d’une sclérose-en plaque. Il est garçon-livreur chez un boulanger et y fait aussi la décoration des tourtes. Il profite de visiter musées et galeries et a déjà la ferme volonté de devenir artiste. Il revient à Romont et travaille comme ouvrier à l’usine Electroverre. En 1938, l’architecte phare du Groupe de Saint-Luc, Fernand Dumas, découvre des œuvres réalisées par le jeune Romontois pour une fête cantonale de gymnastique. Croyant à ses aptitudes de dessinateur, il l’engage dans son bureau. C’est pour le jeune homme une belle occasion de développer ses capacités artistiques, sa charge principale étant d’agrandir au carré des maquettes de fresques et de décors. Dans le cadre des chantiers religieux de Dumas, Yoki rencontre plusieurs artistes du Groupe de Saint-Luc : Cingria, dont il admire le travail depuis son enfance, Severini, Beretta, Faravel ou Feuillat. Ceux-ci lui prodiguent de nombreux conseils dans son activité professionnelle mais aussi dans son travail personnel et l’encouragent à développer ses talents. Yoki est ensuite engagé par le bureau Dumas & Honegger, qui se charge de la construction des bâtiments de l’Université de Fribourg. Il travaille étroitement avec le peintre genevois Maurice Barraud pour les grandes fresques de la chapelle de l’Université (Clerc, 2021, p.9-13). Quarante ans plus tard, il y reviendra pour réaliser le vitrail de la tribune. 
En juin 1945, il monte sa première exposition personnelle à Fribourg, qui est un succès, puis passe deux mois dans l’atelier de la sculptrice Germaine Richier à Zurich. Sur le conseil d’un stagiaire bâlois travaillant chez Dumas & Honneger, il écrit à la collectionneuse de Winterthour, Hedy Hahnloser, propriétaire d’une  collection unique en Suisse de peintures post-impressionnistes. S’ensuit un échange épistolaire déterminant pour sa jeune carrière d’artiste, une amitié sincère, des visites à Winterthour et des conseils avisés qui le conduisent en 1946 à Paris où il s’inscrit à l’Académie d’André Lhote pour améliorer son dessin(Sauterel, 2021, p. 29), la mécène lui reconnaissant un sens inné de la couleur (Hahnloser, 1944). Lothe confirme les conseils dispensés par Hedy Hahnloser, le dessin s’acquérant à force de persévérance. Yoki trouve un premier atelier rue Campagne-Première dans le quartier de Montparnasse, mais doit le quitter et trouve refuge chez son ami fribourgeois Bernard Schorderet. Il se lie d’amitié avec le peintre argentin Sergio Castro, qui réalisera bien plus tard les vitraux de la nef de la collégiale de Romont. De 1949 à 1953, Yoki se consacre principalement à la création de vitraux et de décorations murales, mais travaille aussi pour des églises endommagées par la guerre principalement en France, en Allemagne et en Angleterre. A son retour en Suisse en 1953, il s’installe à Fribourg avec sa jeune épouse irlandaise et entre à la Société des Peintres, Sculpteurs et Architectes Suisses dont il sera par la suite secrétaire puis président (Clerc, 2021, p. 15-19). 
L’art verrier devient pour Yoki une part centrale de son activité artistique, qui est même exclusive jusque dans les années septante (Clerc, 2021, p. 23). Il s’était familiarisé à cet art au début des années quarante, en réalisant des vitraux de cabinet qui lui ont permis non seulement d’apprendre les techniques du métier, de comprendre l’importance du réseau de plomb, de savoir choisir les couleurs mais aussi d’apprivoiser la grisaille. Pour perfectionner sa technique, il se rend dans les Ateliers Benoit Vitraux d'art à Nancy chez les frères Henry et Pierre, spécialistes du vitrail religieux (Clerc, 2021, p. 21). Durant toute sa carrière de peintre-verrier, bien que la majeure partie de ses réalisations soient vouées à l’art sacré, il ne cesse de répondre à des commandes profanes autant dans l’espace public que privé (Sauterel, 2021, p. 29). A ses débuts, il travaille essentiellement avec l’atelier fribourgeois Herbert Fleckner, où il rencontre en 1953 Michel Eltschinger, qui y débute son apprentissage de maître-verrier. Deux ans après son entrée dans le métier, le jeune verrier réalise son premier travail d’envergure pour l’artiste romontois, les vitraux destinés à l’abbaye de Sept-Fons en France. S’ensuivra plus d’un millier de réalisations communes et une collaboration-amitié de plus de cinquante ans, où la confiance, la compréhension et le respect mutuels sont les maîtres mots (Sauterel, 2021, p. 43). En 1968, Yoki suit Eltschinger lorsqu’il décide de se mettre à son compte. L’artiste romontois œuvre d’abord dans le canton de Fribourg, mais reçoit rapidement des commandes ailleurs en Suisse, ainsi qu'en France, en Italie, en Allemagne et en Israël. Il encourage aussi la venue d’autres artistes pour enrichir le patrimoine artistique du canton de Fribourg, tels que Manessier ou Bazaine (Clerc, 2021, p. 73, 75).
A côté de sa carrière de peintre et de peintre-verrier, Yoki, avide de nouvelles expériences, s'essaie à d'autres techniques comme la gravure, la tapisserie, la marqueterie, la mosaïque, la sculpture ou la peinture sous verre (Clerc, 2021, p. 75).

Bibliographie

Baud, P. (2001). Yoki, un demi-siècle de vitrail : un monde de lumière. Saint-Augustin.

Clerc, P. (2021). Yoki, un lumineux destin. Yoki – L'art au service de la lumière. Émile Aebischer, artiste peintre et verrier (Pro-Fribourg), (213), 8-27.

Clerc, P. (2021). Yoki, l'oeuvre. Yoki – L'art au service de la lumière. Émile Aebischer, artiste peintre et verrier (Pro-Fribourg), (213), 60-83.

Layaz, A. (interlocuteur). (2000). Yoki, peintre et verrier, le 25 septembre 2000 à Romont [Interview filmé]. (Plans fixes 1183). Yverdon-les-Bains: Films Plans-Fixes. Repéré à http://www.plansfixes.ch/films/yoki/

Sauterel, V. (2021). L'oeuvre verrier de Yoki dans l'espace profane. Yoki – L'art au service de la lumière. Émile Aebischer, artiste peintre et verrier (Pro-Fribourg), (213), 28-43.