Name

Castella, Jean-Edouard de

Variants
Castella, Jean de · Castella, Jean-Edward de
Author and Date of Entry
Valérie Sauterel 2015; 2021
Locations With Objects
Biographical Data

Né le 21 novembre 1881 à Lylidale en Australie (Strub, 1966, 17 août), au cœur d’une propriété viticole créée par son père qui fut ami de Gérôme et Corot (Bastian, 1961), Jean-Edouard de Castella revient avec sa famille à Fribourg en 1887, à l’âge de six ans. Il y fait ses écoles primaires et le collège Saint-Michel. En 1897, à 16 ans, il suit durant deux ans les cours de dessin de Conrad Schlaepfer, les leçons de modelage du sculpteur Ampellio Regazzoni (Strub, 1966), ainsi que les cours de Hodler à l’École des Arts et Métiers de Fribourg (Clerc, 2016). Dès 1899, il part en Allemagne étudier à la Knirr-Schule puis à la Kunstakademie de Munich où il fait la connaissance de Hermann Haller (Strub, 1966) et de Paul Klee, avec lequel il se lie d’amitié. Il visite ensuite Florence et se passionne pour les vitraux d’Orsanmichele et de Santa Maria Novella, qu’il copie et qui vont guider l’évolution de sa carrière (Clerc, 2016). Dès 1903, il vit à Paris et étudie à l'Académie Julian auprès de Jean-Paul Laurens (Strub, 1966). C’est à cette époque que Cingria lui présente Charles-Ferdinand Ramuz (Bastian, 1961). De retour à Fribourg, le jeune peintre exécute en 1904 ses premiers vitraux pour l'église d'Heitenried, inaugurant ainsi sa carrière de peintre verrier (Strub, 1966). Entre 1906 et 1910 il fait un nouveau séjour à Melbourne qui ne le détourne pas de cette voie puisqu’il y conçoit pour une maison spécialisée (Strub, 1966), l’atelier Robinson & Co, une série de compositions décoratives inspirées de la flore et de la faune australiennes encore très marquées par l’influence du peintre polonais Mehoffer (Clerc, 2016). Il rapporte à Fribourg de grands paysages à l'huile où̈ il affirme les mêmes tendances expressionnistes et sa prédilection pour une peinture de caractère (Strub, 1966). 
Revenu à Fribourg, il obtient de nouvelles commandes de vitraux, entreprenant notamment en 1912 un ensemble de huit verrières pour la chapelle de Bourguillon qu'il consacre à l'histoire du pèlerinage et achève en 1920. En cours d'exécution, il se rend à Paris en 1913, nanti d'un subside de l'État, pour s'y perfectionner dans le travail de peintre-verrier. Il obtient en 1914 une médaille de bronze à l'Exposition nationale de Berne pour ses vitraux. En 1915, il retourne à Paris, où il a un atelier personnel, puis à Londres en 1916 et regagne la Suisse en 1917 (Strub, 1966). Entre 1922 et 1923, il travaille au cycle verrier de l’église de Plasselb puis à celui de l'église de Forel (1923). En octobre 1922, lors d’une exposition personnelle à Fribourg, il présente ses vitraux de Plasselb qui remportent un vif succès ("Exposition [...]", 1922).
Affilié au Groupe de Saint-Luc dès sa création en 1919, Castella se voit confier en 1924 la réalisation des vitraux de la nef de l’église de Semsales, mais sa collaboration avec l’architecte Fernand Dumas et Gino Severini, l’artiste responsable de la décoration, se passe mal et il se voit retirer la moitié de son mandat. Il se distancie rapidement de la société catholique pour travailler dès 1925 avec les architectes Albert Cuony et Augustin Genoud, ainsi qu'avec d’autres architectes. Il réalise des vitraux au temple de Morat (1926), à Notre-Dame de l'Epine à Berlens (1927), à l'église de Promasens (1927), au temple de Meyriez (1930), à la chapelle du Rosaire de Notre-Dame de Fribourg (1931), à l'église de Langnau (1932), à la chapelle de Granges-Veveyse (1933 et 1938), à l’Abbaye de la Maigrauge (1934), aux églises de Sommentier (1934-1935), Saint-Ours (1935), Gettnau (1935), Château-d’Oex (1935-1939), à la chapelle Saint-Joseph de Cluny à Fribourg, au couvent des Capucins de Lucerne (tous deux en 1937 et 1938) et à l’église de la Sainte-Trinité de Berne (1938) (Strub, 1966).
A côté de son travail dans le domaine sacré, Castella reçoit également plusieurs commandes de l'État : des vitraux destinés à commémorer la Combourgeoisie de Fribourg avec Lausanne (1925) et Genève (1926), pour l'hôtel de ville (1932 et 1935) et la chancellerie (1940), et des vitraux représentant le canton de Fribourg aux Archives de Schwyz (1942). Ces travaux lui permettent d'aborder l'allégorie, l'héraldique et l'histoire profane (Strub, 1966). Il conçoit aussi une paroi verrière pour la cage d’escalier de l’école primaire de la Vignettaz (1949). Castella, malgré sa grande activité verrière, n’abandonne pas le chevalet, et, de 1925 à 1949, il participe à tous les Salons locaux de la SPSAS (Société des peintres, sculpteurs, architectes suisses), ainsi qu'aux expositions nationales, y montrant, à côté de ses projets de vitraux, des paysages, des natures mortes et des portraits, tant à l'huile qu’à l'aquarelle, qui a été durant toute sa vie sa technique favorite. Il s’est également consacré à l'enseignement du dessin dans les écoles de Fribourg de 1923 à 1927, et a aussi dirigé pendant quatre ans, de 1932 à 1936, un Salon d'art permanent qui présentait à Fribourg des oeuvres des principaux artistes suisses (Strub, 1966).
En 1949, il part à nouveau pour l'Australie. Avant de partir, il organise dans son atelier du « Werkhof », à la Planche inférieure à Fribourg, une exposition d'adieu.
En 1962, il revient définitivement à Fribourg, et, l'année suivante, entreprend une exposition à son domicile où il montre 45 aquarelles ramenées de sa seconde patrie. Il tombe malade et malgré sa faiblesse, participe à l'exposition l'Art fribourgeois contemporain ouverte le 14 novembre 1964, à l'occasion de l'inauguration des nouvelles salles du Musée d’Art et d’Histoire et de l'Hôtel Ratzé réaménagé. Il décède le 26 juillet 1966 (Strub, 1966).

Literature

Bastian, M. (1961, 21 novembre). Jean de Castella a 80 ans. La Liberté, 11–12. www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19611121-01.2.72

Catalogue J. E. de Castella (1948). Salle des expositions, Musée d'art et d'histoire, Fribourg.

Clerc, P. (2016). Jean-Edouard de Castella. Entre Suisse et Australie.  Accrochages, 177, 11.

Exposition J.-E. de Castella. (1922, 14 octobre). La Liberté, 3. www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19221014-01.2.20

Strub, M. (1966, 17 août). Jean de Castella. La Liberté, 9. www.e-newspaperarchives.ch/?a=d&d=LLE19660817-01.2.52