Saint-Jean-Baptiste en pied, auréolé et tenant un bâton, bénissant de l'autre main, entouré d'une bordure en pointes de diamants. Au verso : partie d'un autre projet avec un visage.
Aucune
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Saint-Jean-Baptiste en pied, auréolé et tenant un bâton, bénissant de l'autre main, entouré d'une bordure en pointes de diamants. Au verso : partie d'un autre projet avec un visage.
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Bords légèrement déchirés
Encre sépia
Ce carton a été réalisé par Marcel Poncet pour le vitrail de saint Jean-Baptiste de la nef de l'église Saint-Maurice de Veyrier (GE).
A l’occasion de l’un des retours de Paris en Suisse durant la belle saison, Marcel Poncet reçoit en 1933 une proposition de travail de la part de son cousin germain, François Poncet, curé de Veyrier, pour exécuter des vitraux pour son église. La correspondance entre les deux cousins indique des conceptions diamétralement opposées de l'oeuvre à concevoir. François la souhaite belle, lisible, pas trop moderne et ne choquant pas la sensibilité de ses paroissiens. Marcel espère quant à lui pouvoir profiter du fait que cette commande lui soit confiée par un membre de sa famille pour jouir de plus de liberté et réaliser quelque chose de nouveau. Obligé de répondre aux attentes de son commanditaire, les vitraux de Poncet témoignent d'un certain compromis entre ses aspirations personnelles, perceptibles à travers l'utilisation du camaïeu et l'originale bordure à travers laquelle il exprime tout son art de verrier; et la tempérance apportée à ses figures, dont les traits restent corrects d'un point de vue académique, au contraire de certains détails des saints de Gstaad qui avaient fort choqué son cousin et ses paroissiens. Si l'on ignore quelle fut la réaction du public lors de la pose, les vitraux ont bien faillis être ôtés en 1979 par le curé de Veyrier qui les jugeait trop sombres et voulait les remplacer, justifiant sa décision par le fait qu'il ne s'agirait pas de véritables vitraux mais de "peintures sur verre". Ce jugement, qui démontre non seulement à quel point l'art du vitrail était encore méconnu à cette époque, est également symptomatique de l'incompréhension du public religieux face aux réalisations d'un artiste tel que Marcel Poncet, ce encore bien des années après sa mort (NOVERRAZ, 2014, pp. 61-66 ; POIATTI, 2008, pp. 121-122 ; SAUTEREL, 2008, pp. 362-263 ; REYMOND, 1992, pp. 70-108 ; KUENZI, 9 mars 1979 ; « Les vitraux de Veyrier : rien n’est réglé », 5 juin 1979 ; MONTMOLLIN [1979]).
Un carton pour le vitrail de saint Etienne (MP_25.01) indique un changement de parti très intéressant pour les vitraux de ce cycle. Le saint y est beaucoup plus coloré et la figure plus hiératique que dans les projets suivants (MP_25.04 et MP_25.11), travaillés à la sépia, où Poncet confère une forte corporalité et personnalité au personnage. Les autres cartons du cycle, comme celui-ci, correspondent à cette seconde étape où l'artiste se concentre sur la définition du personnage en noir et blanc. Il réalise trois cartons, dont deux presque identiques pour ce vitrail (MP_25.06 et MP_25.08), et un autre, plus esquissé (MP_25.14), correspondant probablement à une étape antérieure. Sur les vitraux, la couleur est nuancée par une forte grisaille, et surtout présente dans les bordures très originales en pointes de diamant. Pour les deux vitraux du choeur, les figures de saint Pierre et Paul sont entièrement traitées en camaïeux de bruns noirs, sans couleur. Comme pour les vitraux de Gstaad, réalisés en 1932, Poncet semble donc glisser d'une première idée de verrières colorées au style plus conventionnel, à un résultat beaucoup plus sombre, où la technique de la sépia répond à la grisaille abondante des vitraux.
Gabriel et Antoine Poncet
NOVERRAZ Camille, Marcel Poncet (1894-1953), Au coeur de l'oeuvre d'un artiste-verrier, Mémoire de maîtrise, Université de Lausanne, 2014, pp. 61-66
POIATTI Myriam, "Vitrail et modernité", in : Emotion(s) en lumière, le vitrail à Genève, APAS Association pour la Promotion de l’Art Sacré, Genève, La Baconnière Arts, 2008, pp. 121-122
SAUTEREL Valérie, "Catalogue raisonné des vitraux de Genève", in : Emotion(s) en lumière, le vitrail à Genève, APAS Association pour la Promotion de l’Art Sacré, Genève, La Baconnière Arts, 2008, pp. 362-263
REYMOND Valentine, Marcel Poncet, Paris, Bibliothèque des Arts, 1992, pp. 70, 108
KUENZI André, « Etrange manoeuvre à Veyrier, un grand peintre romand délogé ! », in : 24 Heures, 9 mars 1979
« Les vitraux de Veyrier : rien n’est réglé », in : La Suisse, 5 juin 1979
MONTMOLLIN Eric de, « Vandalisme pieux », source inconnue, [1979], archives Poncet, Vitrocentre Romont
PONCET Marcel, La violence de l’esprit et la pitié du cœur, textes rassemblés par Monique Silberstein, Lausanne, l’Age d’homme, 1984
Gabriel et Antoine Poncet